Voici un carnet de voyage fait à Hong Kong, il y a quelques années. Je le sors pour lui faire prendre l’air…
Ce temple, immense, où l’on peut faire des ablutions autour d’un bassin de pierre, est un lieu de ferveur très vif. L’énergie est forte, il y a de l’espace et de la lumière. Et le calme pour s’en imprégner.
Les instruments de bambou pour faire les ablutions sont une merveille, on voudrait faire dînette !
Près du marché aux fleurs, on trouve le marché aux oiseaux.
On entend des chants, des caquètements, des causeries de mainates. Mais surtout, il y a la finesse de ces cages asiatiques, toutes différentes. On y plongerait bien pour une sieste, d’autant plus qu’il y a de jolis rideaux aux barreaux !
Par contre, je démonterais le petit portail, on ne sait jamais…
Un temple, un monastère aux couleurs fantastiques, aux murs intérieurs peints. Une multitude de pièces pour s’y perdre, comme dans ces rêves où l’on découvre, derrière une tenture, ou un fond factice, de nouvelles enfilades de chambres désuètes toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Et un jardin engourdi de chaleur qui vous accueille pour une sieste improvisée sur muret, à l’ombre d’un feuillage d’essence inconnue.
Dans un quartier populaire très animé, entouré d’un petit parc sans beaucoup de charme, un temple tout en bois. Quand on y pénètre, le contraste est envoûtant. Des spirales immenses d’encens sont suspendues au plafond. Des plateaux ronds et fins y sont accrochés pour recueillir les cendres. À un petit bureau, un responsable des divinations fait ses comptes avec son boulier. Il est très sérieux ! (On dirait qu’il joue à la marchande). Il range des petites plaques de bois gravées d’inscriptions. Tout est très calme. Un chat roux dort. Ses rêves circulent entre les spirales.
On quitte les quartiers des quais, on s’enfonce dans le dédale des rues en pente. Dans une église et son parc luxuriant, oasis au milieu des tours de verre et de métal, quelqu’un joue du piano…
Très paisible pavillon sur l’eau, élégant, tourné vers la mer. Dans mon dos, un marché très typique, où l’on peut acheter des tissus, et se faire faire un sceau… je n’y résiste pas!
Au moment de récupérer les syllabes de mon nom gravées sur la pierre, je remarque que l’artisan qui vient de me le faire à la plupart des doigts tranchés… aïe !
Un sceau, un doigt?….
Je suis surtout, la surprise passée, impressionnée de sa dextérité rapide et virtuose!
C’est incroyable comme, réouvrant ce carnet, tous ces souvenirs me reviennent. Dessiner sur le motif, c’est s’imprégner en profondeur d’un lieu.
Magique pour le dessinateur-voyageur…
Un petit temple comme une minuscule oasis dans un quartier d’immeubles, tout en dragons et poutres sculptées à l’intérieur, avatars de bouddha et grande marmite de fonte.
N’était-ce pas à Macao? Ce parc paisible aux couleurs vives, parcouru d’un tout petit ruisseau? Si des carpes blanches à pois rouges ne dessinaient pas des volutes à sa surface, on pourrait s’y faire quelques grimaces…
Hong Kong C’est, en gros, la mer et des immeubles .
D’accord… mais c’est aussi une île à taille humaine avec un peu de forêt, de quoi grimper, un funiculaire, des rues anciennes, un tram très colonial-style, des temples et des parcs nichés aux détroits des ruelles en pente.
Archi dépaysant. Un lieu bourré de détails divers assez idéal pour faire un carnet de voyage.
Dans ce jardin, pérore un kioske comme on en a chez nous, pour s’installer pour la soirée et jouer pour les copains, les pieds dans les nénuphars.
Quiétude. Et grosse ambiance!
Au village de pêcheurs, toutes les maisons sont sur pilotis, c’est extraordinaire à observer. Assises sur un muret, nous restons très longtemps, dessinant, à écouter les sons de la vie intime. Nous voyons où imaginons la vie perchée au-dessus de l’eau. Quelqu’un prend une douche, l’eau s’écoule directement sous la maison, pareil pour la vaisselle. On entend les familles se parler, les enfants rire ou pleurer, les femmes cuisiner. C’est extraordinaire!
Un village échassier!
Dans un immense parc, une petite famille observe des tortues. D’autres s’entraînent au sabre. Je suis toujours fascinée par ces grands banians dont la sève semble circuler dans les deux sens. C’est tellement sensuel et magique!
On se voit, léger et frétillant comme un singe, circuler dans ce labyrinthe et observer autour de nous avec un regard d’espion.
Poisson de néon, danse au-dessus de nos têtes.
Aaah voilà probablement un sujet des plus intéressants! La nourriture… j’adore, quand je voyage dans un lieu dépaysant, dessiner la cuisine locale. Je m’expose à manger un peu moins chaud. Mais quand une aubergine arrive dans mon assiette, je ne peux pas résister! Et que dire de ces élégants paniers à dim sum et autres farces?
L’enseigne géante de restaurant de poisson était, elle aussi, incontournable pour mon pinceau !
Un peu de repos.
Ceci dit, se baigner ici, c’est tout sauf de tout repos: dès que l’on pose un pied dans l’eau (bien tiède, là n’est pas le problème) on manque de se couper! Il y a des tessons et des morceaux de fer en suffisance pour faire une belle installation de land-art sur la plage! Dommage… ou alors c’est pour dissuader les gens de se baigner à cause des requins?
La cabine d’alerte à Malibong reste un must!
Il faut grimper. Peut-être quelques centaines de marches.
Les dieux d’Asie aiment être mis en brumes. Ça ravive leurs couleurs, réhausse leur mystère. Il faut les mériter, les désirer.
Le temple est comme dans un tout petit village breton, les maisons sont en pierres, il y fait cru. La végétation tout autour est sauvage et généreuse…
Regarder un lieu nouveau du bout du pinceau, c’est la garantie d’un souvenir vibrant et soutenu.